Les spécialistes de l’hébergement via internet suscitent de plus en plus l’attrait d’un nouveau type de clientèle : des réseaux de prostitution qui rivalisent d’ingéniosité pour garder leurs activités secrètes. Au grand dam des propriétaires.
Quand des appartements Airbnb ou Booking se transforment en maison de passe. À Paris, Marseille ou Montpellier, les propriétaires sont aujourd’hui nombreux à découvrir le plus souvent avec stupéfaction que leur logement mis en location en ligne servait en réalité à des activités de prostitution. C’est le cas d’une maison située à Aix-les-Bains dans la Savoie louée par Guillien. La dame aura, après des mois de collaboration avec deux jeunes filles locataires, la malheureuse surprise d’apprendre que son local de 20 m² s’était transformé en maison close.
C’est d’abord les voisins, agacés par les mouvements incessants de personnes et autres ébats sexuels la nuit qui l’alertent. Pour en avoir le cœur net, elle décide de taper le numéro de téléphone d’une des locataires sur internet. Le constat est effarant : Guillien tombe sur des sites internet aux contenus assez explicites.
Des proxénètes qui opèrent via internet
Comme elle, plusieurs propriétaires immobiliers ont été victimes de ce cas de figure ces derniers mois. Surtout avec la crise sanitaire et les restrictions. Entravées par le confinement, les travailleuses de sexe sont contraintes de développer d’autres moyens susceptibles de les aider à mener leurs activités. Les appartements mis en location sur internet, le plus souvent à prix réduit en raison du contexte économique, constituent leur nouveau terrain de jeu. Les propriétaires eux, ne se doutent de rien.
Autour de ces prostituées gravitent aussi des proxénètes aux méthodes véreuses, comme l’illustre une enquête de Libération datant du 11 mai dernier sur « l’ubérisation de la prostitution« . Le journal a notamment recueilli de nombreux témoignages anonymes de jeunes filles appâtées via les réseaux sociaux Snapchat et Instagram entre autres, pour vendre leur corps parfois dans la contrainte.
Des propriétaires démunis
À l’instar de Guillien, les propriétaires sont bien souvent démunis face à la situation. Comment faire en sorte de ne pas remettre son local aux mains de personnes malintentionnées ? D’autant que les propriétaires pourraient tomber pour des accusations de complicité de proxénétisme passible de 10 ans de prison en France. Du côté des plateformes de location, on feint de minimiser le problème. Airbnb estime ainsi à moins de 1 % les signalements qui lui parviennent parmi lesquels des cas de prostitution. Alors que l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH) chiffre à 40% les locations de courte durée sur le web au service des proxénètes.