Un responsable alerte sur le péril de la fin potentielle du navigateur développé par Mozilla en cas de démantèlement du géant de la recherche en ligne actuellement accusé de monopole illégal par l’administration américaine.
À l’heure où la justice américaine tente de démanteler le monopole de Google sur la recherche en ligne, ce n’est pas seulement la firme de Mountain View qui craint une telle éventualité. Également inquiet, Mozilla a fait entendre sa voix à travers son directeur financier Eric Muhlheim.
« C’est terrifiant », a lancé le responsable à la barre, vendredi 2 mai 2025, en marge d’un témoignage dans le cadre du procès opposant le Département américain de la Justice (DOJ) et Google, dans des propos rapportés par le site d’information spécialisée sur la tech, The Verge.
L’audience fait suite à la décision rendue l’année dernière par le juge Amit Mehta reconnaissant Google coupable de pratiques antitrust.
La filiale d’Alphabet a, selon le tribunal, utilisé des accords anticoncurrentiels pour verrouiller son moteur de recherche comme la source principale d’information numérique sur des appareils tels que les iPhones, les ordinateurs personnels et les appareils fonctionnant sous Android.
Le spectre d’un scénario catastrophe
Parmi les mesures correctrices proposées par le DOJ figure l’interdiction pour Google de payer pour être le moteur de recherche par défaut dans les navigateurs tiers comme Firefox, ainsi que la vente forcée de Chrome et l’obligation de partager ses résultats de recherche avec ses concurrents.
Autant de mesures qui pourraient avoir des conséquences désastreuses pour Mozilla et par ricochet, pour Firefox, à en croire Eric Muhlheim. Car le navigateur représente environ 90% des revenus de Mozilla, et 85% de ces revenus proviennent précisément de l’accord avec Google.
« Cela pourrait mettre Firefox hors service« , affirme le responsable, décrivant une « spirale descendante » où l’entreprise serait contrainte de réduire ses investissements dans le développement de Firefox. De quoi rendre le navigateur moins attractif pour les utilisateurs, prévient Muhlheim.
Une équation insoluble ?
La situation est d’autant plus critique que Mozilla a déjà exploré l’hypothèse d’une existence sans Google. Une véritable équation insoluble, tant les options alternatives pèchent par leur retour sur investissement. Ni Bing, propriété de Microsoft, ni Yahoo, n’apporte satisfaction, selon les explications fournies par le directeur financier.
Dans le cas du second cité, la tentative précédente (entre 2014 et 2017) de faire de lui le moteur de recherche par défaut de Firefox aurait tellement rebuté les utilisateurs qu’elle a dû être abandonnée.
Mozilla pourrait suivre le modèle d’Opera, dont les revenus dépendent moins des accords de recherche que de la publicité. Mais son positionnement en matière de préservation de la vie privée rend cette option moins viable.