Pékin met fin à son enquête antitrust contre Google après six mois, mais intensifie la pression sur le géant des puces d’intelligence artificielle dans le cadre des négociations commerciales avec Washington.
Dans le cadre de la guerre technologique sino-américaine, Google peut souffler en Chine. Selon le Financial Times (FT), le pays a décidé d’abandonner son enquête pour abus de position dominante lancée contre le géant de la recherche en ligne en février dernier.
La démarche initiée par l’Administration d’État pour la régulation du marché (SAMR) visait le système d’exploitation Android, accusé d’imposer des conditions contraignantes aux fabricants chinois de smartphones comme Oppo et Xiaomi, qui dépendent entièrement de ce logiciel pour équiper leurs appareils.
Mais Pékin a choisi de clore ce dossier après sept mois d’enquête, alors que les deux pays sont engagés dans des négociations continues autour de plusieurs sujets d’envergure : les tarifs douaniers, les contrôles à l’exportation et le dossier explosif du désinvestissement de TikTok, le réseau social chinois menacé de bannissement aux États-Unis depuis plusieurs mois.
Mais ne vous y trompez pas, car la clémence apparente de la Chine vis-à-vis de Google cache en réalité un recalibrage stratégique.
Nvidia dans le viseur
Pékin concentre désormais toute sa puissance réglementaire sur Nvidia, le fabricant de puces accusé formellement cette semaine de violations des lois antitrust lors de son acquisition de Mellanox Technologies en 2020. La transaction avait été approuvée sous conditions à l’époque par les autorités chinoises.
« Abandonnez une affaire, mais saisissez-vous de l’autre« , résume l’un des initiés interrogés par le FT. Selon ce dernier, cette approche chinoise reflète la volonté de réduire le nombre de cibles pour amplifier l’impact des représailles.
Si la violation est confirmée, Nvidia pourrait écoper d’une amende oscillant entre 1% et 10% de son chiffre d’affaires annuel. Pour un groupe de cette envergure, la facture pourrait atteindre des milliards de dollars.
Les accusations contre le géant américain touchent par ailleurs au nerf de la guerre technologique contemporaine que représente l’intelligence artificielle.
Le coup de poker permanent
Les puces de l’entreprise dirigée par Jensen Huang sont essentielles au développement de l’IA, un domaine où la Chine et les États-Unis se livrent une bataille féroce pour la suprématie technologique.
Mais la Chine ne s’arrête pas là. Dans une escalade calculée, le régulateur chinois de l’internet a également interdit aux géants technologiques du pays – ByteDance, Alibaba et consorts – d’acheter les puces de Nvidia.
Plus spécifiquement, les commandes et tests du RTX Pro 6000D, un produit spécialement conçu par Nvidia pour le marché chinois, sont désormais proscrits.
Pour les observateurs internationaux, cette séquence offre un aperçu fascinant des nouvelles règles du commerce mondial. Les lois antitrust, traditionnellement conçues pour protéger la concurrence et les consommateurs, se transforment ainsi en armes géopolitiques.