Le créateur de contenus, connu pour ses vidéos polémiques sur les femmes, a transformé son passage houleux devant les députés français en opportunité commerciale, se posant en victime pour faire fructifier ses affaires.
Le 10 juin 2025, Alex Hitchens, influenceur né Isac Mayembo, était auditionné par visioconférence dans le cadre de la commission d’enquête parlementaire sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs en France.
Lorsque le président de la commission, Arthur Delaporte, le confronte à certains de ses propos sexistes, l’influenceur de 26 ans s’emporte. « Vous avez pris dix secondes de mon propos, vous l’avez isolé, et vous venez de me le balancer à la gueule. C’est le problème de TikTok », rétorque celui qui n’hésite pourtant pas à qualifier « toutes les femmes de putes ».
Après quelques secondes d’échanges tendus, l’influenceur choisit de couper court à la séance par un lapidaire « Au revoir monsieur, bonne journée », laissant les membres de la commission dans un silence embarrassé.
« L’audience est suspendue, le temps de recontacter M. Hitchens pour l’informer qu’on ne peut pas quitter une audition sans qu’on lui ait suggéré », poursuit Arthur Delaporte, alors que la séquence fait déjà le tour de nombreux médias.
Une stratégie de résistance numérique orchestrée
Alex Hitchens, en spécialiste du genre, tente depuis lors par tous les moyens de capitaliser sur cette exposition médiatique. Cet homme qui se présente comme coach en séduction et entrepreneuriat lance dès le soir même une « promotion » destinée à ses 377 000 abonnés YouTube, comme le relève Le Monde.
« Pour la durée de ce live, les gars : une formation achetée, une formation offerte ! C’est cadeau les gars, pour fêter l’Assemblée« , annonce-t-il en référence à ses formations en ligne vendues entre 100 et 200 euros.
Deux jours plus tard, l’ancien basketteur professionnel voit son compte TikTok et ses 685 000 followers bannis en plein direct, suite à un signalement d’Aurore Bergé, ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Cette dernière l’accuse, au même titre d’autres créateurs, de propager des contenus problématiques : domination des femmes, violences, homophobie…
L’émergence d’un discours dit antisystème
Pas de quoi décourager celui qui a riposté en annonçant un investissement de plus de 50 000 euros dans la création d’une trentaine de comptes affiliés, rémunérant des tiers pour diffuser ses contenus et contourner les restrictions.
« Ça ne changera rien parce que les vidéos qui font le plus de buzz sont liées à d’autres comptes », explique-t-il avec bravade sur X. L’influenceur opère désormais un virage politique, ses contenus ciblant le « système » qu’il promet d’« anéantir ».
« Ils m’ont cherché. Et quand c’est comme ça, il faut se défendre. L’attaque est la meilleure des défenses », affirme-t-il, tandis que le président de la commission parlementaire envisage un signalement judiciaire après cette audition ratée.