Bezos surfe sur la brouille Trump-Musk

La dégradation des relations entre le président américain Donald Trump et l’homme d’affaires Elon Musk pourrait bien profiter au principal rival de ce dernier dans le spatial : Jeff Bezos, qui multiplie les approches en ce sens.

La guerre froide que se livrent Elon Musk et Jeff Bezos pour la conquête spatiale américaine pourrait connaître un tournant décisif en faveur de Bezos.

Selon des sources proches du dossier citées par le Wall Street Journal (WSJ), le fondateur de Blue Origin a eu au moins deux conversations téléphoniques avec le président Donald Trump ce mois-ci, tandis que Dave Limp, PDG de l’entreprise spatiale, s’est rendu à la Maison Blanche pour rencontrer la cheffe de cabinet présidentiel Susie Wiles.

D’après le quotidien américain, ces approches visent à obtenir davantage de contrats gouvernementaux pour Blue Origin. Une stratégie d’autant plus opportuniste qu’elle intervient alors qu’Elon Musk, rival de Jeff Bezos dans le domaine spatial, perd de l’influence auprès de la Maison Blanche.

Après avoir exercé une forte influence dans l’entourage de Trump, notamment grâce aux 250 millions de dollars de sa fortune investis dans la campagne électorale de ce dernier, le fondateur de SpaceX s’est brouillé avec le président il y a quelques semaines de façon spectaculaire.

Une réconciliation calculée avec Trump

À tel point que Trump a publiquement menacé « de mettre fin aux milliards de dollars de subventions et de contrats gouvernementaux d’Elon », ouvrant potentiellement la voie à Blue Origin, longtemps distancée par SpaceX dans la course aux contrats spatiaux.

Bezos s’est en effet longtemps préparé à cette opportunité, en pacifiant ses relations autrefois acrimonieuses avec le chef de l’État.

Entre le rapprochement avec Ivanka Trump, les 40 millions de dollars investis par Amazon pour le documentaire de Melania Trump et l’invitation du président à son mariage, le troisième homme le plus riche du monde a orchestré une véritable offensive de charme envers le dirigeant républicain.

Reste que, selon le WSJ, Blue Origin fait face à un défi de taille face à SpaceX : prouver qu’elle peut constituer une alternative techniquement crédible.

Blue Origin à la traîne techniquement

En janvier, l’entreprise a réussi le lancement inaugural de sa fusée New Glenn, atteignant l’orbite dès le premier essai. Mais elle a manqué son objectif de second lancement prévu ce printemps et vise désormais la mi-août.

Face à cette cadence encore modeste, SpaceX affiche une domination écrasante du marché. L’entreprise d’Elon Musk prévoit 170 lancements cette année, ses fusées Falcon étant devenues l’outil de référence pour les clients gouvernementaux, selon le Wall Street Journal.

Cette supériorité opérationnelle se traduit dans les attributions de contrats : en avril, SpaceX a décroché un contrat de 5,9 milliards de dollars pour 28 vols auprès de la Space Force, tandis que Blue Origin n’a obtenu que 2,4 milliards pour sept lancements.

À plus long terme, Blue Origin et SpaceX pourraient s’affronter sur plusieurs contrats gouvernementaux majeurs, notamment les projets liés au programme de défense antimissile « Golden Dome » de Trump et les missions martiennes que la Maison Blanche souhaite voir développées par la NASA.

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