Le géant de Seattle proteste contre l’examen de son acquisition des studios Metro Goldwyn Mayer (MGM) par Lina Khan, présidente de l’autorité antitrust, suspectée de partialité.
Amazon passe à l’attaque dans son bras de fer avec la Federal Trade Commission (FTC), la nouvelle autorité américaine de régulation de la concurrence. La firme du e-commerce estime en effet dans un courrier du 30 juin que la FTC ne saurait, sous la direction de sa présidente Lina Khan, statuer sur la régularité de son opération de rachat de MGM conclue fin mai contre 8,45 milliards de dollars. Et pour cause, l’entreprise de Jeff Bezos accuse la patronne de la structure antitrust de manquer de partialité en raison de ses précédentes prises de position publique contre elle.
Lina Khan, 32 ans, brillante juriste née à Londres, s’est illustrée à travers son hostilité à l’égard des pratiques anticoncurrentielles des géants de la tech. Ses critiques des Gafa (pour Google, Apple, Facebook et Amazon) sont de fait connus de tous. Surtout depuis 2017 et la publication par ses soins d’un article cinglant contre Amazon du temps de son cursus doctoral à l’université de Yale. Le numéro 1 du commerce électrique y avait notamment été taillé en pièces pour ses abus de position dominante, de même que les autorités en charge de la régulation, accusées elles de laxisme.
Une offensive vaine ?
« Lina Khan a estimé à de nombreuses reprises par le passé qu’Amazon, coupable de pratiques anticoncurrentielles, devait être démantelé », a notamment pesté le géant de la tech, demandant que la juriste soit dessaisie du dossier Amazon-MGM dans sa lettre d’une vingtaine de pages consultée par l’AFP entre autres.
Un vœu pieux ? Tout porte à le croire. Ce n’est pas la première fois qu’un membre de la FTC qui en compte cinq fait l’objet d’une demande de récusation. Mais une telle requête a rarement été fructueuse. Et il n’y a pratiquement aucune chance pour que la plainte d’Amazon aboutisse dans le cas de Lina Khan. La juriste a la cote auprès des élus américains en raison de ses positions anti-Gafa. C’est d’ailleurs ce qui lui a valu une confirmation sans coup férir au Sénat en avril dernier. La nouvelle patronne antitrust jouit donc d’une forte légitimité. Mais cela ne la dispense pas pour autant des foudres de la justice.
La FTC qui souhaite avec certains élus, faire démanteler Facebook a subi il y a quelques jours un non retentissant d’un tribunal fédéral.
L’acquisition de MGM par Amazon ouvre la voie à de nombreuses perspectives pour l’entreprise de Jeff Bezos dans le domaine du streaming.