Telegram, la fin du laisser-aller ?

La récente mise aux arrêts de son PDG Pavel Durov en France, pourrait marquer pour la plateforme de messagerie instantanée, le début d’une sorte d’impunité en vogue sur le réseau social, selon certains observateurs.

Telegram s’est longtemps présentée comme une application de messagerie instantanée irréprochable en matière de protection des données personnelles de ses utilisateurs, mais cela pourrait bien être en train de changer.

Les évènements de cette semaine en France marquent en tout cas un tournant pour cette plateforme de messagerie instantanée créée en 2013. Pour cause, son fondateur Pavel Durov se trouve actuellement empêtré dans une affaire judiciaire pour des faits commis sur le réseau social aux plus de 950 millions d’utilisateurs actifs mensuels.

Les faits reprochés se révèlent assez graves pour lui valoir d’être placé sous contrôle judiciaire, mercredi 28 août au soir, après quatre jours de garde à vue. Une garde à vue faisant suite à une arrestation manu militari, samedi 24 août, dès son atterrissage dans un aéroport près de Paris.

Plusieurs crimes et délits

Le milliardaire russe qui détient également depuis 2021, la nationalité française, est tour à tour accusé de « blanchiment de crimes ou délits en bande organisée », dont le trafic de stupéfiants, la pédocriminalité ou encore l’escroquerie.

Pavel Durov est par ailleurs accusé par la procureure de Paris d’afficher une « quasi-totale absence de réponse de Telegram aux réquisitions judiciaires ». Remis en liberté contre le versement d’une caution de cinq millions d’euros, il lui est fait obligation de pointer au commissariat deux fois par semaine, et l’interdiction de quitter le territoire français.

Alors que son avocat plaide des accusations « absurdes », cette situation illustre selon plusieurs observateurs, les conséquences de la doctrine de la non-modération longtemps défendue par Telegram.

Un signal inquiétant ?

« C’était aussi déconcertant de voir à quel point ils avaient l’air de s’en tirer », estime dans les colonnes du Financial Times, Megan Squire, directrice adjointe de l’analyse de données au projet de renseignement du Southern Poverty Law Center, à propos des « crimes réels commis » sur le réseau social.

Difficile de prédire l’issue de cette affaire alors que Pavel Durov a bâti sa légende et sa fortune en défendant l’idée d’une messagerie affranchie de toute tutelle étatique ou privée.

Les retombées potentielles devraient à n’en point douter traverser les frontières de la France. Car elle interroge les équilibres entre protection des libertés et répression du cybercrime.

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