Microsoft invente le médecin du futur

Le géant technologique annonce la création d’une intelligence artificielle capable de diagnostiquer des maladies complexes avec une précision quatre fois supérieure à celle de médecins expérimentés.

Imaginez un ordinateur capable de diagnostiquer à l’hôpital des cas comme l’intoxication lors d’un sevrage alcoolique, le cancer rare des tissus mous ou encore la maladie d’Erdheim-Chester, non pas dans une série de science-fiction, mais dans le monde réel.

C’est la prouesse que Microsoft affirme avoir réalisée grâce à son nouvel outil d’intelligence artificielle (IA) baptisé « Microsoft AI Diagnostic Orchestrator » (MAI-DxO). Il représente la première initiative concrète de l’unité de santé IA créée l’année dernière par Mustafa Suleyman, ancien cofondateur de DeepMind.

« Cela va être vraiment transformateur« , déclare le chercheur britannique recruté par Microsoft après le rachat de DeepMind par Google, en commentant au Financial Times les résultats des tests internes de ce nouveau programme.

Selon l’étude publiée le 3 juillet 2025 dans la revue arXiv, le MAI-DxO affiche une précision diagnostique de 85,5% sur des cas médicaux particulièrement complexes. En comparaison, les médecins généralistes n’ont atteint que 20% de réussite sur les mêmes cas, tirés du prestigieux New England Journal of Medicine.

Un système qui révolutionne la pratique médicale

Cette performance exceptionnelle représente un bond en avant considérable dans l’application de l’intelligence artificielle à la médecine diagnostique. Par ailleurs, le système réduit les coûts médicaux de 20% par rapport aux médecins humains, et de 70% par rapport aux modèles d’IA standards, comme ceux de Meta, Anthropic, xAI, DeepSeek ou encore OpenAI.

« Nous avons longtemps cru qu’ils deviendraient des commodités. C’est l’orchestrateur agrégé qui, je pense, est le différenciateur« , déclare Suleyman en référence au degré de flexibilité du MAI-DxO, capable de s’intégrer au meilleur modèle de langage du marché.

Le système utilise une technique innovante appelée « chaîne de débat » (chain of debate), qui permet aux modèles d’IA de raisonnement de fournir une explication détaillée, étape par étape, de leur processus de résolution. À cette fin, il simule cinq « médecins virtuels » qui travaillent ensemble, à l’image d’une équipe de spécialistes hospitaliers.

Vers une « superintelligence médicale »

Selon Dominic King, ancien responsable de l’unité santé de DeepMind qui a rejoint Microsoft fin 2024, le Microsoft AI Diagnostic Orchestrator constitue une infrastructure fondamentale qui pourrait redéfinir l’architecture même des systèmes de santé modernes.

Mustafa Suleyman considère cet essai comme une étape vers la « superintelligence médicale », capable de résoudre les crises de personnel et les longs délais d’attente qui paralysent les systèmes de santé. Des voix expertes appellent cependant à la prudence.

Eric Topol, cardiologue et directeur du Scripps Research Translational Institute, souligne à cet effet auprès du Financial Times, que l’étude de validation du MAI-DxO n’a pas été menée « dans le contexte de la pratique médicale réelle ».

King lui-même admet que la technologie est encore dans ses phases initiales, n’a pas fait l’objet d’une évaluation par les pairs et n’est pas encore prête pour un environnement clinique. L’étude se base sur des cas pédagogiques exceptionnellement difficiles, sans patients en bonne santé ni pathologies bénignes. Le système doit encore prouver son efficacité sur des cas de routine et intégrer des facteurs comme l’invasivité des examens ou les contraintes d’assurance.

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