Altice, maison-mère de SFR, a annoncé mardi la vente de ses data centers français au fonds d’infrastructures de Morgan Stanley. Cette opération doit permettre au groupe d’empocher 530 millions d’euros et de réduire sa dette colossale.
Altice a annoncé, le mardi 21 novembre, la cession d’une participation de 70% de son activité de data centers en France au fonds d’infrastructures de Morgan Stanley. Le groupe de médias et de télécoms va ainsi se séparer de 257 centres de données qui hébergent les serveurs de sa filiale SFR. Il deviendra désormais simple locataire de ces installations. Mais la multinationale conserve 30% du capital d’une nouvelle entité, baptisée UltraEdge.
Altice attend 175 millions d’euros supplémentaires
La cession des data centers permettra à Altice d’encaisser un chèque de 530 millions d’euros. Au moins 175 millions d’euros supplémentaires sont attendus au cours des sept prochaines années, grâce à la construction de nouveaux data centers à céder à UltraEdge. Soumis à l’obtention des autorisations réglementaires, l’accord global devrait être conclu au premier semestre 2024. Il aidera la multinationale à éponger une partie de son passif.
Une goutte dans un verre d’eau
L’énorme dette d’Altice s’élève à 60 milliards de dollars, dont 24 milliards d’euros pour Altice France qui gère également des activités média via notamment BFM. Il est clair que la vente des centres de données ne permettra pas au géant des télécoms et des médias de souffler un bon coup vu le montant du passif. Mais il s’agit d’un apport financier non négligeable alors qu’Altice doit rembourser 3 milliards d’euros d’ici à 2026, avec une première tranche de 1,64 milliard l’an prochain.
Altice va-t-il opérer d’autres cessions ?
Si le groupe honore ce calendrier, il pourra repousser les échéances de remboursement via de nouvelles émissions obligataires. Son propriétaire, le milliardaire Patrick Drahi, a mandaté en septembre plusieurs banques d’affaires pour faire le point sur ses actifs en Europe afin de procéder à d’éventuelles cessions. Il pourrait notamment vendre la plateforme de publicité en ligne Teads, rachetée en 2017 pour 285 millions d’euros, et surtout l’opérateur SFR.
SFR en grande difficultés en France
L’opérateur télécoms souffre depuis plusieurs mois. Rien qu’au deuxième trimestre, il a perdu 135.000 abonnés dans le mobile et 29.000 dans l’internet fixe. Cette fuite de la clientèle pèse évidemment sur le résultat opérationnel de l’entreprise. Face à cette dégringolade, les investisseurs se demandent si Altice aura la surface financière nécessaire pour rembourser ses dettes, alors que les taux ont grimpé en flèche.
Un rapprochement étudié avec les concurrents
D’après des informations de La Tribune, le groupe de Patrick Drahi a déjà approché des concurrents pour évaluer la faisabilité d’un rapprochement. Des discussions auraient eu lieu avec Free et Bouygues Telecom. Ces initiatives ne devraient pas plaire aux autorités de concurrence française et européennes car elles impliquent le retour à trois opérateurs. Mais Altice pourrait bien forcer le passage. Il a besoin d’argent frais en ce moment. Il a déjà cédé des actifs en 2014 avec son site à Marseille et en 2017 en Suisse.