Des chercheurs américains annoncent la mise au point d’une molécule contre l’antibiorésistance. Il s’agit d’un antibiotique entièrement synthétique, qui cible le ribosome bactérien. Il aurait le pouvoir de bloquer fermement la croissance des souches les plus problématiques.
L’antibiorésistance est la capacité des bactéries à adapter leurs mécanismes de défense pour contrer les antibiotiques. Elle fait chaque année plus de 5 millions de décès dans le monde. Soit davantage que le VIH ou le paludisme, et presqu’autant que le cancer. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ce fléau pourrait faire plus de 10 millions de victimes d’ici la fin de la décennie.
Une molécule synthétique contre l’antibiorésistance
Consciente de cette menace grandissante, l’agence onusienne appelle au développement rapide d’un traitement avec un nouveau mode d’action. Depuis quelques années, le monde scientifique travaille avec acharnement à apporter une réponse. C’est dans ce contexte que des chercheurs de l’université de Harvard, aux États-Unis, annoncent la mise au point d’un antibiotique entièrement synthétique, capable d’’enrayer la résistance des superbactéries. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Science le 15 février 2024.
La molécule s’attaque au ribosome bactérien
Comme les antibiotiques traditionnels, la molécule s’attaque à une partie très spécifique des bactéries, leurs ribosomes. Elle s’y accroche solidement et bloque la production de protéines, sabotant les bactéries de l’intérieur. L’antibiotique a surtout la particularité de s’ajuster au plus près de sa cible dans le ribosome pour ne laisser aucune chance à la bactérie de s’échapper. Testée en laboratoire, il annihilait systématiquement et impitoyablement la croissance d’un nombre de bactéries, dont les souches les plus résistantes aux antimicrobiens.
Des résultats positifs sur les souris
Les chercheurs de l’université de Harvard aux États-Unis ont éprouvé l’efficacité et la sûreté de cette molécule synthétique chez la souris. Ils ont réussi à soigner tous les animaux infectés par une dose normalement mortelle de la bactérie staphylocoque doré (Staphylococcus aureus). A l’inverse, 90 % des souris non traitées sont mortes deux jours après l’infection. Si l’antibiotique a été testé sur des cellules humaines cultivées en laboratoire, il faut maintenant mener des essais cliniques chez l’Homme, avant une potentielle commercialisation.
Une startup française proche de mettre fin à l’antibiorésistance
Ailleurs dans le monde, les chercheurs et les groupes pharma s’activent aussi. A l’instar de Nosopharm, une startup française de biotechnologie innovante. Cette société a conçu un antibiotique first-in-class baptisé Noso-502, qui élimine les agents pathogènes à gram, responsables de 60% des infections nosocomiales. Le vaccin inhibe le ribosome bactérien grâce à un nouveau mécanisme d’action. Il a montré une grande activité contre les entérobactéries résistantes aux carbapénèmes, y compris les souches les plus virulentes.
Annonce d’essais cliniques chez l’Homme
Selon des résultats positifs de tests de laboratoire publiés en juin 2022, NOSO-502 est efficace à 100% contre Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae, Enterobacter spp et le staphylocoque doré. Ces bactéries sont connues pour être très résistantes aux antimicrobiens. Nosopharm, qui a intégré la French Tech Health20 en mars 2023, continue le développement de sa molécule jusqu’à la phase des essais cliniques chez l’être humain.