Comme chien et chat. Alors que lui-même est accusé de position dominante à plusieurs niveaux, Google accuse son grand rival Microsoft de pratiques anticoncurrentielles sur le cloud. Le géant numérique dénonce un accord entre son concurrent et l’association CISPE, qui préfère fermer les yeux sur le problème contre quelques concessions.
Dans le monde des géants numériques et technologiques, la mauvaise foi est la norme. Pointé du doigt dans plusieurs dossiers pour pratiques anticoncurrentielles, Google accuse aussi son ennemi juré Microsoft de profiter d’une position dominante dans le secteur du cloud. La firme de Mountain View dénonce notamment une taxe sur les licences des logiciels utilisés sur les services cloud concurrents.
Google juge problématique le comportement de Microsoft à l’ère de l’IA
« Microsoft a mis en place beaucoup de barrières qui forcent les clients à choisir Azure », se plaint Amit Zavery, vice-président de Google Cloud. Selon le responsable, la firme de Redmond ne permet pas de choisir d’autres fournisseurs de cloud pour ses produits. Et quand elle le permet, les coûts sont démesurés comme avec Windows Server. Microsoft appliquerait déjà ce procédé sur les marchés des systèmes d’exploitation et des logiciels de productivité.
Amit Zavery affirme également que le grand rival abuse de sa position dominante dans des technologies émergentes comme l’IA. Pourtant, dit-il, le cloud en est un élément essentiel. Le dirigeant appelle donc à la levée des restrictions pour l’essor des nouvelles technologies. Ses commentaires interviennent après l’accord conclu entre Microsoft et l’organisme commercial CISPE, qui regroupe des fournisseurs de cloud européens, pour résoudre un litige antitrust vieux de deux ans.
Pour Google, rien n’empêche techniquement Microsoft d’ouvrir son écosystème
En novembre 2022, l’organisation a déposé une plainte auprès de la Commission européenne, accusant Microsoft de pratiques anticoncurrentielles et d’abus de position dominante sur le marché du cloud. Le géant informatique a accepté de verser une certaine somme à CISPE. Il a aussi promis de mettre à la disposition des fournisseurs de cloud européens une version améliorée d’Azure Stack HCI pour leur permettre, entre autres, de moderniser leurs infrastructures.
C’est cet accord que Google pointe du doigt. L’entreprise estime qu’au lieu de répondre à la problématique en profondeur, il permet au concepteur de logiciels d’éviter des sanctions financières. C’est ce que pense Amit Zavery, pour qui les engagements de Microsoft auprès du CISPE « prouvent qu’il n’y a pas d’obstacles techniques qui l’empêchent de faire ce qui est juste pour tous les clients de l’informatique dématérialisée ».
Amazon Web Services d’accord avec Google
Mais que dit Google d’Amazon Web Services, membre de CISPE ? On rappelle que le marché du cloud est dominé par AWS avec 31 % des parts. Suivent Microsoft Azure (24 %) et Google Cloud (11 %). Pour Amit Zavery, chacun ses problèmes. Il pense qu’AWS peut décider de se plaindre également, mais que le sujet actuel des barrières au cloud ne le concerne pas particulièrement. Toutefois Amazon s’est plaint aussi.
Le géant de la logistique affirme que « cet accord ne fait rien pour la grande majorité des clients de Microsoft, qui ne peuvent toujours pas utiliser le cloud de leur choix en Europe et dans le monde ». AWS dit continuer de soutenir les clients et fournisseurs qui lui demandent de mettre fin à ces pratiques discriminatoires. De son côté, Microsoft a déclaré qu’il n’y a aujourd’hui qu’une seule entreprise qui verrouille tout son écosystème. Le groupe n’a pas cité de nom, mais on devine bien de qui il s’agit…