Le navigateur au renard roux veut revenir au-devant de la scène numérique dans un secteur en plein bouleversement dû notamment à l’explosion de l’intelligence artificielle.
À 20 ans, l’être humain entre généralement dans le monde adulte, avec plus ou moins de réussite et surtout l’aide de ses géniteurs. C’est ce qu’espère Firefox, lancé par Mozilla il y a une décennie, ce mois-ci.
Cela s’accompagne d’un certain nombre de défis, comme a pu en témoigner dans une interview au média américain spécialisé sur la tech, TechCrunch, Laura Chambers, nouvelle PDG par intérim de la firme conceptrice du célèbre navigateur né dans un contexte d’ultra-domination d’Internet Explorer (UE).
La dirigeante a ainsi évoqué, sans entrer dans les détails, de récents investissements financiers effectués depuis quelque temps. « Nous avons augmenté nos investissements cette année, tant pour renforcer les liens avec nos communautés que pour développer et tester des fonctionnalités positives qui créent de bonnes expériences pour les utilisateurs« , anticipant des résultats positifs.
Mozilla cible particulièrement les jeunes utilisateurs à travers des campagnes marketing mettant en avant la protection de la vie privée. Une des recettes majeures de son succès d’antan.
L’IA, une nouvelle opportunité ?
« La confidentialité continue de faire écho, n’est-ce pas ? C’est toujours le cas. Si vous demandez aux gens s’ils se soucient de leur vie privée, ils répondent toujours oui« , indique l’ancienne cadre de PayPal.
Le navigateur explore également les possibilités offertes par l’IA, à un moment où cette technologie est en train de redéfinir, à travers chaque innovation, le rapport des internautes à la recherche en ligne. « Je pense que le navigateur peut jouer un rôle vraiment très puissant ici », affirme Laura Chambers.
Loin de miser sur la course effrénée aux innovations, elle pointe la responsabilisation de l’utilisateur vis-à-vis de l’IA et de ses capacités.
« Comment assurer la transparence sur les actions des modèles d’intelligence artificielle et la façon dont ils prennent leurs décisions ? Comment créer une bonne expérience autour de cela ? Nous essayons vraiment de centrer notre réflexion sur ce que sera l’expérience des utilisateurs de l’IA dans le futur« , détaille-t-elle.
Quelques obstacles à franchir
Malgré tout, l’ambition ne manque pas d’obstacles. Parmi eux figure le positionnement de Firefox sur mobile toujours très limité par rapport à plusieurs de ses concurrents, dont notamment Google Chrome, même si la législation européenne DMA destinée à limiter la domination des géants du numérique et encourager l’innovation, commence à rebattre les cartes.
À cela s’ajoute le nerf de la guerre qui reste pour le Firefox, étroitement lié à l’accord de recherche de Mozilla avec Google, sa principale source de revenus. Selon le Financial Times, ce deal a rapporté 400 millions de dollars en 2022, soit 80 % du budget opérationnel de Mozilla.
De quoi susciter de l’inquiétude alors que le géant des moteurs de recherche est sous enquête du Département américain de la Justice ? Laura Chambers reste sereine, pointant l’indépendance de son groupe.
