La solution de paiement électronique est la cible des autorités chinoises qui souhaitent la scinder en deux entités distinctes. Dernière manifestation de la détermination de Pékin à soumettre ses figures de la tech.
La Chine n’en a manifestement pas fini avec Alibaba. Après avoir réduit au silence son fondateur Jack Ma et fait échouer l’entrée en bourse d’Ant Group, une de ses filiales, c’est sur une autre firme du groupe de Hangzhou que le pays a décidé de jeter son dévolu. À en croire les informations du Financial Times ce lundi, Alipay pourrait être désintégrée par la seule volonté des autorités chinoises. Ces dernières voudraient en effet scinder en deux cette firme omniprésente dans le quotidien des Chinois en matière de paiement sur le web. Il y aurait donc d’un côté les opérations de crédit et de l’autre, le reste de ses activités. Sa maison-mère, Ant Group, devra également faire l’impasse sur les données de ses utilisateurs au profit d’une institution gouvernementale.
Ce faisant, Pékin s’assure de réduire considérablement l’influence d’une entreprise passée maître dans la gestion des données personnelles. Grâce à son activité de prêt, Alipay domine le marché chinois des crédits à la consommation. L’expertise de la firme en matière de manipulation de la data est si poussée que l’accord des crédits aux citoyens s’assimile presque à un jeu d’enfant.
Offensive de Pékin
Mais cela n’est pas du goût du pouvoir communiste. Le pays qui a fait de Big browser un allié dans le traçage des faits et gestes de ses concitoyens exècre l’idée qu’une entreprise fut-elle une de ses championnes économiques, engrange davantage de données que lui.
Le démantèlement annoncé d’Alipay obéit par ailleurs à une stratégie plus globale envers les géants du secteur numérique présents en Chine. Elle consiste notamment pour l’État à user de faux-fuyants pour soumettre ces figures pourtant autrefois choyées par le pouvoir, à sa seule et unique volonté.
Longue liste de victimes
C’est ainsi que de nombreux noms de la tech ont été accusés ces derniers mois de pratiques anticoncurrentielles. Le procédé reste le même à chaque fois : actionner l’autorité de régulation nationale aux fins d’engager des poursuites contre les entreprises ciblées, avec parfois des préjudices de l’ordre de plusieurs milliards de dollars. L’offensive commencée par Alibaba l’année écoulée s’est depuis étendue à la majeure partie de ses concurrentes, dont Tencent et Didi entre autres. Cette dernière, plateforme de covoiturage, ayant été tout bonnement retirée du magasin d’applications chinois il y a quelques semaines.