Des câbles dans un data centers aux Etats Unis.

Câbles sous-marins : les GAFAM veulent encore prendre la main

 

Avec la folle demande de trafic internet, les câbles sous-marins, qui assurent 90% des liaisons intercontinentales, revêtent aujourd’hui un enjeu fondamental pour les géants américains du web. Les GAFAM (Google, Facebook, Amazon et Microsoft) investissent de plus en plus dans la construction d’infrastructures, qui devraient leur permettent de prendre bientôt le relais des opérateurs télécoms.

Google ne lésine pas sur les moyens

Depuis quelques années, les géants du web construisent leurs propres câbles sous-marins entre les continents et sur les côtes. Leur forte implication et leurs moyens colossaux devraient leur permettre de ravir très rapidement ce marché aux opérateurs télécoms. « Il y a dix ans, 5 % des câbles étaient contrôlés par les Gafam. Aujourd’hui c’est 50 % et ce sera 95 % d’ici trois ans », estime Jean-Luc Vuillemin, directeur des réseaux internationaux d’Orange, dont la filiale Orange Marine déploie et assure via ses six navires câbliers la maintenance de plusieurs milliers de câbles sous-marins.

Google et Facebook restent de loin les acteurs les plus entreprenants. La firme de Mountain View a énormément investi dans ces autoroutes stratégiques reliées à leurs propres data centers. Ces trois dernières années, Google a dépensé 47 milliards de dollars dans le déploiement de son infrastructure, dont une partie pour les câbles sous-marins. Notamment le câble sous-marin international à financement privé Equiano, qui part du Portugal et passe le long de la côte ouest de l’Afrique jusqu’en Afrique du Sud.

La capacité des câbles des GAFAMA multipliée par 10 entre 2013 et 2017

Si Google domine aujourd’hui ce secteur stratégique, avec 14 câbles à son actif (dont trois détenus en propre), il doit faire face à une concurrence naissance. Car il faudra compter avec Facebook (10 câbles), Microsoft (4 câbles) et Amazon (3 câbles).

Facebook et Microsoft ont conjointement lancé leur propre câble transatlantique Marea, opérationnel depuis février 2018. Reliant l’Etat américain de Virginie à Bilbao en Espagne, cette infrastructure revendique un débit théorique de 160 Tb/s, de quoi permettre de diffuser 71 millions de vidéo HD simultanément. La capacité de bande-passante déployée par les câbles des GAFAM (détenus en propre ou dans le cadre de consortiums) a été multipliée par 10 entre 2013 et 2017 pour atteindre un débit maximal théorique de 339 Tb/s. Contre 350 Tb/s pour les opérateurs (capacité multipliée par 3 sur la même période).

On est mieux servi que par soi même

Pourquoi un tel intérêt des GAFAM pour les câbles sous-marins ? « Nos besoins ont tellement grandi que nous avons dû créer nos propres câbles afin de pouvoir faire les choses comme nous le souhaitions, sans dépendre des opérateurs télécoms », explique Jayne Stowell, la patronne des câbles sous-marins à Google. En effet, face à la demande de plus en plus importante de débit internet, les fournisseurs de contenus ne peuvent pas se procurer suffisamment de capacité à partir des câbles existants, bientôt frappés d’obsolescence. Il faut donc qu’ils en construisent des nouvelles par eux-mêmes pour disposer de la bande-passante nécessaire à leur activité.

L’histoire d’amour entre les câbles sous-marins et les GAFAM ne fait donc que commencer.

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