Une mine à ciel ouvert à Atlanta, aux Etats Unis.

Création de China Rare Earth Group : objectif atteint pour la Chine ?

 

La Chine a créé en décembre 2021 un géant des terres rares baptisé China Rare Earth Group. A sa naissance, cette méga-entreprise s’est vue assigner certains objectifs. Près de quatre mois après son lancement, mission réussie ?

Pèse pour près de 70 % de la production nationale de terres rares lourds

Dans sa volonté de consolider le marché local des terres rares, la Chine a fusionné en décembre 2021 les entreprises du Big six pour créer un géant baptisé China Rare Earth Group. Ce sont Chine Minmetals Rare Earth, Chinalco Rare Earth & Metals, China Southern Rare Earth Group, Ganzhou Rare Earth Group Co, Jiangxi Ganzhou Rare Metal Exchang et Ganzhou Zhonglan Rare Earth New Material Technology. Auxquelles se sont ajoutées deux sociétés de recherche (China Iron & Steel Research Institute Group et Grinm Group Corporation Ltd).

Le nouveau conglomérat industriel pèse 30 % de la production nationale de terres rares et 60 à 70 % de la production de terres rares lourds. A sa naissance, Pékin avait fixé quelques objectifs à atteindre à moyen terme. Cette méga entreprise devait notamment permettre de stabiliser la production et les approvisionnements locaux, de renforcer la domination chinoise sur cette industrie, d’optimiser la compétitivité des géants nationaux et d’assurer un contrôle sur les prix ainsi que leur revalorisation.

Une forte dépendance des Européens et des Américains

Quatre mois après le lancement, le bilan est plutôt encourageant. En effet, la Chine parvient progressivement à stabiliser sa production et ses approvisionnements à travers un quota de production. Celui-ci a été imposé à la place du quota d’exportation qui avait fait l’objet de protestation auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Par cette décision, l’empire du milieu cherche à préserver ses réserves, qui pourraient très vite tarir et le mettre à la merci des puissances rivales. En tant que premier producteur mondial de terres rares, la Chine assure l’essentiel des approvisionnements mondiaux. Par exemple les Etats Unis et l’Union européenne (UE) dépendent respectivement à 80 et 90% de ses exportations.

Un moyen de pression dans les prochaines négociations commerciales ?

Pékin voulait aussi renforcer sa domination sur le secteur. Avec la création de China Rare Earth Group, détenu à 31% par l’Etat, il a effectivement consolidé sa place de premier producteur mondial et peut maintenant mieux répartir les ressources. Mais également coordonner efficacement le développement durable de son industrie des terres rares.

Parallèlement, Pékin dispose d’un levier de pression dans ses prochaines négociations commerciales avec l’UE et les Etats Unis. Les industries de pointe européennes et américaines dépendent fortement de la production chinoise. Il y a notamment l’automobile durable, la téléphonie et l’énergie.

Ramener les prix à un niveau plus raisonnable

Grâce à ses géants (China Rare Earth Group, China Northern Rare Earth Group  et Shenghe Resources), la Chine renforce en outre la compétitivité de ses entreprises à l’international. Dans leur conquête du marché mondial, ces groupes ont besoin de capitaux. Or, le gouvernement a mis en place des mesures pour faciliter leur levée de fonds auprès des banques publiques chinoises et cela à des taux préférentiels. Les compagnies minières ont ainsi toute la capacité financière d’acquérir les concurrents étrangers.

Notons enfin que Pékin voulait avoir un contrôle sur les prix et obtenir leur revalorisation sur un marché jusqu’alors éclaté. En effet, les différents acteurs fixaient leurs propres tarifs, parfois très bas. Ce qui créait un désordre et réduisait les recettes de l’Etat. En quatre mois, la Chine a pu assainir le secteur grâce à China Rare Earth Group qui a un pouvoir de fixation sur les prix. Mais elle constate une hausse continue de ces prix. Le gouvernement a donc récemment demandé aux compagnies de les ramener à un niveau raisonnable. Cet autre problème pourrait pousser Pékin a accéléré la création d’un géant minier au nord du pays.

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