L’Union européenne (UE) a approuvé mardi le lancement d’Iris2, sa nouvelle constellation de satellites de télécommunications. Destinée à des usages militaires et grand public, cette infrastructure doit garantir une connectivité spatiale sécurisée et autonome au continent.
Après Galileo pour la géolocalisation et Copernicus pour l’observation, l’Europe va se doter d’un nouvel amas de satellites pour les télécommunications. En effet, le Parlement européen a validé, le mardi 14 février, le lancement d’Iris2 (pour Infrastructure de Résilience et d’Interconnexion Sécurisée par Satellites), une constellation destinée à offrir une connectivité spatiale sécurisée à toute l’Europe.
Vers la fin des zones blanches ou mortes ?
Cette infrastructure comprendra quelque 300 satellites à différentes altitudes, capables de communiquer avec le sol, mais aussi avec d’autres appareils en orbite moyenne et haute. Elle doit offrir une connexion haut débit partout dans l’Union européenne, y compris dans les zones les plus reculées. On s’acheminerait ainsi vers la fin des zones blanches ou mortes. Iris2 garantira en priorité des communications sécurisées (cryptées) aux agences de l’UE, aux services gouvernementaux, ou encore aux organismes privés à utilité publique.
Les premiers appels d’offres attendus d’ici un mois
Au niveau des gouvernements, en particulier, cette constellation assurera par exemple la protection des infrastructures critiques, la surveillance, les actions extérieures et la gestion des crises. Par ailleurs, des entreprises privées pourront exploiter ce réseau et le proposer à d’autres sociétés. Dans ce cadre, il servira aux communications civiles payantes. L’UE prévoit de lancer d’ici un mois les premiers appels d’offres, réservés aux acteurs européens. Mais, elle mettra en orbite les premiers satellites vers la fin 2024, pour les rendre pleinement opérationnels en 2027.
Un financement de 6 milliards d’euros
Selon l’UE, Iris2 créera de nombreux débouchés, notamment dans l’Internet des objets, les véhicules autonomes, l’éducation, la santé et la connectivité en vol et en mer. Le projet bénéficiera d’un financement de 6 milliards d’euros, dont 2,4 milliards provenant du budget de l’Union. Le reste relèvera d’une contribution de l’agence spatiale européenne (ESA) et des investissements privés. Ce système de télécommunication spatiale, dit-on, reposera sur les dernières technologies. Parmi lesquelles la communication quantique afin de permettre la transmission sécurisée de clés cryptographiques.
Une alternative 100% européenne à Starlink
Initié en décembre 2020, l’Iris2 devrait permettre à l’Union européenne de gagner sa souveraineté numérique et technologique. Une nécessité à l’heure où les États-Unis, la Russie et la Chine déploient leurs propres constellations. Iris2 se présente comme une alternative 100% européenne à Starlink (SpaceX). Le système d’Elon Musk propose déjà ses services en Europe. Il a récemment fait parler de lui à la faveur de la guerre en Ukraine, en permettant à Kiev de préserver sa capacité de communication.
Un exemple de durabilité spatiale et environnementale
Thierry Breton, commissaire au marché intérieur de l’Union européenne, salue dans Iris2 « un grand pas pour notre résilience et un pas de géant pour notre souveraineté technologique ». Le parlement européen se félicite aussi de la mise en place d’une connectivité autonome et sécurisée. Par ailleurs, il loue la durabilité spatiale et environnementale de cette constellation. Celle-ci aurait une pollution lumineuse quasi nulle et garantirait une bonne gestion des déchets.