Un dénommé Michael Smith est confronté à la justice américaine pour avoir accumulé, des années durant, des rétributions grâce à de fausses chansons diffusées par des robots sur des plateformes de streaming.
« Les groupes et les fans étaient faux. Les 10 millions de dollars, bien réels ». C’est ainsi que le New York Times (NYT) présente l’affaire inédite portée par Damian Williams, le procureur américain du district sud de New York.
Pour cause, elle met en évidence une des nombreuses implications de l’intelligence artificielle (IA). En l’occurrence, la manipulation de cette technologie à des fins frauduleuses. Ici, la manœuvre concerne le secteur prolifique et parfois si perméable à des brebis galeuses du monde de la musique.
Le principal protagoniste, Michael Smith, âgé de 52 ans, est accusé d’avoir dupé le public en postant sur des plateformes de streaming, des chansons provenant prétendument d’artistes, alors qu’il s’agissait en réalité de créations à base d’intelligence artificielle.
Un stratagème bien rodé
Pour parvenir à ses fins, l’accusé aidé de complices dont le nombre n’a pas été révélé, a usé de faux comptes de streaming créés à partir de différentes adresses mails – il en avait jusqu’à 10 000 selon le NYT – afin de servir à la diffusion de ces chansons générées de toutes pièces par la machine.
Selon l’acte d’accusation, le procédé était si rodé que Smith s’est chaque fois gardé de diffuser trop de fois les chansons téléchargées par milliers sur des services tels que Amazon Music, Apple Music ou encore Spotify.
Ces chansons au titre improbable du type « Zygotic Washstands », « Zymotechnical » et « Zygophyllum » étaient censés provenir d’artistes ou de groupes tout aussi décalés tels que « Callous Post » ou « Calorie Screams » pour n’en citer que quelques-uns.
Plus de dix millions récoltés
« Smith s’est accaparé des millions de droits d’auteurs qui auraient dû revenir à des musiciens, compositeurs et autres ayants droit dont les titres ont été véritablement diffusés en streaming« , a indiqué Damian Williams, dans une déclaration publiée mercredi 4 septembre et rapportée par le New York Times.
Poursuivi pour fraude électronique, blanchiment d’argent et complot, l’homme qui aurait empoché de la part des plateformes de streaming, environ 12 millions de redevances depuis 2019, risque en cas de verdict défavorable, jusqu’à 20 ans de prison pour chaque chef d’inculpation.
À l’heure où l’IA est l’objet d’un foisonnement, son procès ne manque pas d’intérêt. Pour cause, il met en évidence toutes les interrogations entourant l’utilisation de cette technologie.