TikTok épinglé par les députés français

L’Assemblée nationale accable la plateforme de partage de vidéos dans un rapport sur la protection des mineurs fraîchement dévoilé.

Après six mois d’investigation marqués notamment par des entretiens tendus avec des influenceurs, une commission d’enquête parlementaire française dédiée a livré le 11 septembre dernier un constat sans appel sur TikTok : la plateforme constitue « l’un des pires réseaux sociaux à l’assaut de notre jeunesse ».

Cette conclusion alarmante s’appuie sur une analyse approfondie des effets psychologiques du réseau social chinois sur les mineurs. Elle résulte de l’audition de plus de 170 personnes et d’une consultation citoyenne menée du 23 avril au 31 mai 2025, qui a recueilli plus de 30 000 réponses, dont près de 19 000 provenant de lycéens.

Le constat établi par les 28 membres de la commission, adopté à l’unanimité, est particulièrement inquiétant. « Cette plateforme expose en toute connaissance de cause nos enfants, nos jeunes, à des contenus toxiques, dangereux, addictifs« , martèle le député Arthur Delaporte.

Les témoignages recueillis par la commission illustrent la réalité de la dépendance créée par cette plateforme relativement récente mais à la croissance si fulgurante qu’elle fait des envieux parmi ses pairs.

Un algorithme particulièrement pernicieux

« J’essaie d’arrêter mais en même temps, c’est vrai que mes parents me disent à 21h-22h, éteins ton téléphone et puis en fait je regarde 5 minutes puis finalement j’y reste 2h », confie un utilisateur interrogé par France 24.

Derrière cette addiction figure un algorithme que la commission décrit comme « conçu afin que soient mis en avant sur la plateforme les contenus les plus extrêmes et radicaux, toujours dans un souci de captation maximale de l’attention de l’utilisateur ». De quoi créer un cercle vicieux à l’égard des utilisateurs.

« Quand vous êtes en difficulté pour aller bien, quand vous avez un moment peut-être un petit peu difficile dans votre vie, l’idée c’est peut-être de se tourner vers des contenus qui seraient positifs. L’algorithme fait tout le contraire« , confie Samuel Comblé, psychologue de l’enfance et de l’adolescence et directeur général adjoint de l’association Enfance, à France 24.

Plainte pour « mise en danger de la vie »

« Cette spirale descendante va enfermer le jeune dans sa noirceur, le rendre peut-être encore plus mal qu’il ne l’est », ajoute le spécialiste, alors qu’Arthur Delaporte a saisi la procureure de la République de Paris contre le réseau social pour « mise en danger de la vie ».

Face à ce constat, la commission parlementaire préconise 43 mesures, dont l’instauration d’une déconnexion numérique obligatoire entre 22 heures et 8 heures du matin pour les 15-18 ans. Le rapport suggère d’interdire l’accès aux réseaux sociaux aux moins de 15 ans, contre 13 ans actuellement, même si les auteurs sont en désaccord sur cet aspect.

« On est face à des familles qui ont envie de bien faire des familles qui nous disent ‘Mais comment est-ce que je peux déjà dialoguer avec mon enfant ?’ Parce que c’est une technologie que je n’ai pas connu quand j’étais moi-même plus jeune« , témoigne Comblé.

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