L’intelligence artificielle ne relève plus d’un fantasme en 2020. Elle a inondé plusieurs secteurs dont l’industrie, la santé et l’art. La musique, qui appartient au dernier domaine, ne devrait pas échapper à cette nouvelle technologie.
« Il y a des choses que les machines ne pourront jamais faire. Elles ne peuvent apprécier la beauté ou créer de l’art. ». Ces mots sont de Sarah Connor, un personnage du film Terminator 2, qui fait la part belle aux robots humanoïdes. Ils résonnent froidement aujourd’hui, tant l’intelligence artificielle (IA) a envahi notre vie. L’idée que cette technologie puisse révolutionner l’art et même remplacer l’artiste devient prégnante. Elle suscite même des peurs justifiées.
L’IA capable de surprendre agréablement les mélomanes
Le 6 février 2019, après près de 200 ans d’attente, la Symphonie numéro 8 de Schubert a enfin été achevée. Cette prouesse, on ne l’a doit ni à un descendant talentueux, ni à un médium en contact avec l’au-delà, mais… à un smartphone Huawei, dopé à l’intelligence artificielle. Le résultat n’est pas encore parfait, mais il laisse entrevoir que l’IA pourrait à terme remplacer l’artiste et bouleverser notre relation à l’art.
Si l’intelligence artificielle doit pénétrer la musique, elle le fera sans doute en commençant par deux genres musicaux qui s’y prêtent le plus : la pop et le rap. Pour le premier genre la voix métallique se prête volontiers au jeu du robot. Pour le second, c’est l’auto-tune qui commence à faire réfléchir. Aujourd’hui, certains rappeurs se sont spécialisés dans cette technique, incapables de chanter.
Les résultats musicaux de l’intelligence artificielle peuvent parfois se révéler très impressionnants. En témoigne le titre Jack Park Canny Dope Man. Il est interprété par TravisBott, une création inspirée du rappeur américain Travis Scott, développée par l’agence digitale Space150. La mélodie et les paroles, élaborées grâce à un logiciel d’intelligence artificielle, laissent bouche bée. Certains fans ont même admis que l’intelligence artificielle chantait mieux que le chanteur.
Des applis pour créer à l’infini
Il y a des artistes comme SKYGGE, Holly Herndon ou le groupe Yacht qui ont déjà commencé à exploiter les machines intelligentes pour trouver de nouvelles mélodies ou des paroles surprenantes. Parallèlement, des créations voient le jour pour générer de la musique à l’infini. C’est le cas de l’application Eōn, lancée par Jean-Michel Jarre, le pape de l’électro. Ou du logiciel Muzeek qui permet de créer des arrangements musicaux adaptés sur mesure à la production de vidéos.
On pense également à Sony qui a monté le système d’intelligence artificielle « Flow Machine ». Le but de ce dernier est de reproduire le processus créatif d’un artiste, de la composition à l’arrangement en passant par le mixage. Ici, c’est au logiciel de proposer tous les éléments qui entrent dans la conception du morceau, à savoir les instruments, styles, mesures, battements, à travers une grande base de données. Mais « Flow Machine » n’a pas ici l’intention de remplacer l’artiste. Elle se présente comme une simple assistante informatique. Le processus de création en lui-même reste largement l’affaire du chanteur.
L’IA doit améliorer les capacités du chanteur
L’on pourrait donc concevoir l’intelligence artificielle comme une technologie visant à aider, améliorer et rendre plus simple le quotidien de l’artiste. Selon François Pachet, Directeur du Spotify Creator Technology Research Lab de Paris, l’intelligence artificielle doit permettre « d’inventer des choses nouvelles, de pousser les compositeurs en dehors de leur zone de confort ».