En France, le secteur numérique consomme de plus en plus d’électricité tout en émettant davantage de gaz à effet de serre. C’est la conclusion d’une étude de l’Arcep, qui s’est intéressé aux opérateurs de communications, aux datacenters et aux fabricants de terminaux. Leurs émissions totales de GES s’élèvent à 1,06 million de tonnes en 2022.
L’autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep) vient de publier la troisième édition de son enquête « Pour un numérique plus soutenable ». Cette étude rend compte de l’impact environnemental annuel du digital en évaluant les émissions de gaz à effet de serre (GES) et la consommation énergétique des opérateurs de communications, de datacenters ainsi que les fabricants de terminaux.
Hausse significative des émissions de GES liées au secteur numérique
Selon l’Arcep, le volume de gaz à effet de serre émis en 2022 par le secteur numérique s’élève 1,06 million de tonnes. Soit à peu près celui de l’année d’avant (1,07 tonnes en 2021). Il n’y a donc pas eu d’évolution en un an. Ce qui constitue une bonne nouvelle. Mais les émissions indirectes de GES (scope 2), liées à la consommation d’électricité, représentent les trois quarts des émissions globales. Elles augmentent de 3 % pour atteindre 787 000 tonnes équivalent CO2 en 2022.
Les datacenters consomment beaucoup d’électricité
Dans le détail, les émissions de GES des opérateurs de datacenters atteignent 95 000 tonnes équivalent CO2 (+14 % par rapport à l’année précédente). Cette hausse s’explique par l’augmentation considérable des émissions indirectes liées à la consommation d’électricité. Celles-ci représentent plus 90 % des émissions globales des opérateurs de centres de données. Ceux-ci, au nombre de 19 en Hexagone, ont consommé 2,1 TWh en 2022 (+15 % en un an).
Les box Internet et décodeurs TV également très énergivores
L’année dernière, le nombre de datacenters a également augmenté avec la hausse des usages numériques et du recours à l’externalisation des services informatiques. Malgré ces chiffres, il faut dire que les centres de données se montrent de plus en plus efficaces énergétiquement. Pour ce qui concerne les box Internet et décodeurs TV, la consommation d’électricité en 2022 s’élève à 3,3 TWh, soit 0,7 % de la consommation d’électricité en France.
Forte hausse de la consommation des réseaux mobiles
Quant aux réseaux mobiles et fixes, leur consommation énergétique a progressé de 7% en 2022 pour atteindre 4,1 TWh. Cette hausse surprend d’autant que la consommation électrique totale en France recule de 4 %, dans un contexte de crise énergétique. Il y a cependant une disparité entre réseaux mobiles et fixes. En effet, tandis que la consommation des premiers progresse fortement en 2022 (+ 14 % en 2022 contre + 6 % en 2021), celle des seconds diminue à la même proportion, notamment grâce à la poursuite de la transition du cuivre vers la fibre optique.
L’Arcep appelle à verdir le secteur numérique
Si elles sont actuellement modestes par rapport aux émissions globales de GES, les émissions du secteur numérique pourrait augmenter de manière significative dans les années à venir si rien n’est fait. Les experts estiment qu’elles progresseront de + 60 % d’ici à 2040, soit 6,7 % des émissions de GES nationales. Pour enrayer cette dynamique négatif, l’Arcep appelle à mettre en place plusieurs actions. L’agence suggère principalement d’agir à la source, en réduisant l’empreinte carbone des terminaux (écrans et téléviseurs). Elle préconise aussi l’écoconception des box et des décodeurs.