Le chatbot d’intelligence artificielle chinois pourrait bientôt être interdit sur les appareils gouvernementaux américains.
Il fallait s’y attendre. D’après une information exclusivement révélée par le Wall Street Journal (WSJ) jeudi 6 février 2025, un projet de loi bipartisan a été présenté aux législateurs américains dans le but de faire interdire DeepSeek des appareils gouvernementaux.
L’application concernée est en plein essor depuis son lancement le 20 janvier dernier par l’entreprise chinoise éponyme, trustant la première place des apps les téléchargées via les plateformes spécialisées, dans plusieurs pays à travers le monde, dont les États-Unis.
Il s’agit d’un outil d’intelligence artificielle (IA) générative à l’instar de modèles américains ChatGPT, Claude, Gemini ou encore Perplexity. Sa atout ? Avoir été conçu à moindres frais – moins de six millions de dollars, selon les informations disponibles –, mais avec le même niveau de performance que ses concurrents précédemment cités et réputés parmi les meilleurs du marché.
De quoi mettre toute l’industrie sens dessus dessous et faire mentir l’idée trop souvent répandue selon laquelle le développement de l’IA ne saurait se faire sans des investissements toujours plus considérables.
Le précédent TikTok
Le projet de loi porté par les représentants Darin LaHood, républicain de l’Illinois, et Josh Gottheimer, démocrate du New Jersey, rappelle le cas TikTok, dont l’interdiction sur les appareils fédéraux en 2022 avait marqué le début d’une offensive plus large contre l’application détenue par la firme chinoise ByteDance.
Une interdiction depuis suspendue par le nouveau président américain Donald Trump. Comme pour le réseau social de partage de vidéo, les inquiétudes concernant DeepSeek, portent sur la collecte massive de données et leur potentielle utilisation par les autorités chinoises.
Ces craintes ont été renforcées depuis le dévoilement, le 5 février, d’une enquête d’Associated Press (AP) sur des liens troublants entre l’outil d’intelligence artificielle et China Mobile, une entreprise de télécommunications contrôlée par l’État chinois. Celle-ci aurait accès aux données utilisateurs à travers un code source soigneusement dissimulé dans la page de connexion du chatbot, selon ‘investigation menée par des chercheurs en cybersécurité.
Une suspicion déjà très forte
« Les implications sont considérablement plus importantes, car des informations personnelles et confidentielles pourraient être exposées. C’est comme TikTok mais à une échelle bien plus grande et avec plus de précision. Il s’agit de partager des requêtes et des informations qui peuvent inclure des données hautement personnelles et des informations commerciales sensibles« , a déclaré Ivan Tsarynny, dont l’entreprise Feroot Security est responsable de la découverte.
« C’est une évidence en termes d’actions que nous devons prendre immédiatement pour empêcher notre ennemi d’obtenir des informations de notre gouvernement », a affirmé Josh Gottheimer cité par le WSJ, en référence au projet de loi.
« En aucun cas nous ne pouvons permettre à une entreprise du PCC d’obtenir des données gouvernementales ou personnelles sensibles« , estime pour sa part, son collègue Darin LaHood, alors que l’étau se resserre autour de DeepSeek dans le monde.
L’Australie, la Corée du Sud et l’Italie ayant d’ores et déjà pris des mesures similaires pour protéger leurs systèmes gouvernementaux, sur fond de flou autour de la gestion des données personnelles par la plateforme.