La startup créée par deux anciens étudiants de l’université américaine de Columbia propose littéralement de mettre à disposition du public des outils permettant de « tricher sur tout » grâce à l’intelligence artificielle.
Chungin « Roy » Lee, 21 ans, a annoncé dimanche 20 avril avoir levé 5,3 millions de dollars auprès d’Abstract Ventures et Susa Ventures pour sa startup nommée Cluely. Il ne s’agit pas d’une entreprise comme une autre. Celle-ci promeut en effet un concept tout à fait original fondé sur la triche.
Autrement dit, la fourniture d’outils d’intelligence artificielle (IA) permettant de « tricher sur tout ». « Une IA totalement indétectable qui voit votre écran, entend votre audio et vous fournit une assistance en temps réel dans n’importe quelle situation. Entretiens, devoirs, examens, appels commerciaux, réunions, tout », explique Chungin « Roy » Lee.
« L’humanité est à un point d’inflexion. L’IA va transformer le monde entier, et ce sera plus perturbateur que tout ce que nous n’avons jamais vu. Cluely est le pont vers un monde où les humains ne rivalisent pas avec les machines, nous grandissons avec elles », ajoute-t-il, au sujet de cette société tout à fait singulière.
La triche comme philosophie d’entreprise
L’histoire de Cluely commence en effet par une disgrâce. Celle de Chungin « Roy » Lee et de son associé Neel Shanmugam, tous deux suspendus puis ayant quitté Columbia University après avoir développé « Interview Coder », un outil permettant de contourner LeetCode, une plateforme d’exercices de codage que certains dans le milieu de l’ingénierie logicielle considèrent comme obsolète et chronophage.
Interview Coder est parvenu aux autorités de l’université lorsque Lee a partagé le 7 février sur les réseaux sociaux, une vidéo YouTube de lui-même utilisant le programme pendant son entretien de stage chez Amazon.
Pour justifier son approche controversée, Cluely a publié sur son site internet un manifeste comparant son innovation à des inventions autrefois décriées comme des formes de « triche » : calculatrices, correcteurs orthographiques…
Une entreprise controversée
« Chaque fois que la technologie nous rend plus intelligents, le monde panique. Puis il s’adapte. Puis il oublie. Et soudain, c’est normal. Pourquoi mémoriser des faits, écrire du code, faire des recherches — quand un modèle peut le faire en quelques secondes ? », se demande le texte, alors que les commentaires vont bon train au sujet de cette initiative.
« Imaginez faire un court métrage de Black Mirror comme publicité pour un produit », s’est ainsi indigné un internaute le 21 avril sur X, en réaction à la vidéo promotionnelle de Cluely publiée par Lee.
Comme le fait remarquer le site d’information TechCrunch, ce n’est pas la seule startup controversée lancée ce mois-ci dans le domaine de l’IA. Un chercheur dénommé Tamay Besiroglu a également annoncé la création de Mechanize, une entreprise ayant pour objectif de remplacer tous les travailleurs humains.
