Le juteux business des sites de rencontre s’apprête à accueillir un nouveau membre. Et il est de taille : Facebook Dating. Ce nouveau venu, déjà disponible dans certains pays (Colombie, Etats Unis), devrait être lancé cette semaine en Europe, à l’occasion de la Saint Valentin. Mais un accrochage avec la Data Protection Commission (DPC), le gendarme irlandais des données personnelles, a poussé le réseau social à reporter l’évènement.
Un peu de patience pour Facebook
Initialement prévu jeudi, le lancement européen de Facebook Dating a été reporté après que le régulateur irlandais des données personnelles (DPC) a mené lundi une inspection dans les locaux du siège européen du réseau social à Dublin. Selon un communiqué lapidaire publié mercredi par la DPC, Facebook ne lui a pas fourni les documents obligatoires permettant d’attester que le service de rencontres sera bien compatible avec le RGPD, le règlement européen de protection des données personnelles.
« Nous voulons lancer Facebook Dating dans les meilleures conditions et avons décidé de prendre un peu plus de temps pour nous assurer que le produit soit prêt pour le marché européen », a expliqué un porte-parole de Facebook dans un communiqué transmis au Monde. « Nous avons mis en place des mesures solides de protection de la vie privée et, en amont du lancement européen, nous avons complété l’analyse d’impact relative à la protection des données, qui a été partagée avec [la DPC] à sa demande », a précisé l’entreprise.
« Facebook a copié tout ce qui marchait bien sur les autres applications »
Facebook Dating doit donc attendre encore quelque temps avant de se lancer sur le marché européen. Mais, quoi qu’il en soit, l’arrivée du réseau social menace aujourd’hui de redistribuer les cartes dans le marché de l’amour. Il pourrait s’imposer comme la référence des sites de rencontre grâce à ses 2,5 milliards d’abonnés et à sa stratégie du « copier-coller-améliorer ». Julien Pillot, enseignant-chercheur à l’école de commerce Inseec, révèle que « Facebook a copié tout ce qui marchait bien sur les autres applications et rajouté deux ou trois fonctionnalités. Ce qui les intéresse, c’est surtout d’inciter les utilisateurs à renouer avec le partage de contenus privés ».
Si les « petits » sites de rencontre n’ont franchement pas grande chose à perdre avec l’arrivée de Facebook, les « gros », eux, doivent s’en inquiéter. En premier lieu Match Group. Cette firme contrôle des marques populaires comme Hinge, OKCupid, le site Match.com, le groupe Meetic et surtout l’ultra-dominante et très rentable application Tinder. Cette plateforme créée en 2012 se taille la part du lion avec 1,2 de dollars de revenus en 2019 sur les 2,2 milliards de dollars générés par le marché de la rencontre sur mobile.
Facebook gêné par ses scandales sur la vie privée
Le géant de l’amour doit-il vraiment craindre Facebook Dating ? « Bien sûr, nous n’allons pas sous-estimer Facebook », a répondu début février la dirigeante de Match Group, Amanda W. Ginsberg, à des analystes financiers. « Mais, pour l’instant, nous n’observons aucune conséquence sur aucune de nos marques », a-t-elle ajouté.
Tinder pourrait profiter des nombreux scandales qui éclaboussent Facebook pour rester le maître du jeu. En décembre, un sondage Piplsay réalisé auprès de 21.000 Américains révélait que seuls 23 % des sondés disaient faire confiance à Facebook, au centre de plusieurs scandales relatifs à la vie privée, pour garder leurs données personnelles en sécurité sur leur plateforme de rencontre.